Oui, il y aurait un livre à faire avec Jacques Louvain. Un livre qui hésiterait entre le récit et le roman. Un livre attaché à la porosité qui unit auteur et personnage, au point de conduire le texte jusqu'à sa disparition, ou, tout au moins, son effritement.
Mais la nature du blog ne convient pas, selon moi, à l'écriture d'un livre. Je croyais que c'était possible et ça ne l'est pas. Pour être lu régulièrement, un blogueur doit offrir à ses visiteurs deux ou trois pages par semaine. Ces pages, si elles dépassent un feuillet un feuillet et demi sont rarement lues avec une acuité tout du long car le blog est le creuset de l'immédiateté.
L'espace et le temps du roman sont tout différents. Un auteur peut écrire plusieurs feuillets à la suite, dans une respiration qu'il croit bien soutenue, et, dépité, les condamner le lendemain à la corbeille. Il peut aussi écrire une seule phrase dans la semaine, laquelle se travaille et se retravaille dans sa tête pour amener une deuxième phrase. Voire un paragraphe.
Puis vient le temps du repos du texte. Quelques mois avant de reprendre, ou même, comme c'est mon cas en ce moment, deux ou trois ans. L'auteur reprend son écriture et elle aussi se reprend. Dans cette durée qui a passé. Pour les mots comme pour leur auteur.
Toutes ces raisons me conduisent à interrompre Jacques Louvain en tant que possibilité d'un livre. Je ne supprime pas le blog pour autant. J'y mettrai je ne sais quoi, des ébauches peut-être, des chutes ou des copeaux, des fantaisies comme elles me viendront si elles viennent. Voilà. En toute simplicité. Je vous remercie de me lire encore. Signé Jacques Louvain. Euh, non. Dominique Boudou. Ah, tiens ! Je ne sais plus. Et vous non plus vous ne savez pas. C'est beaucoup mieux comme ça. Ecrire garde un peu de sens.