On ne le dira jamais assez : la rue, les boutiques, les places et leurs bancs sont d'inépuisables mines pour nourrir n'importe quelle écriture. Il faut garder les yeux en alerte mais aussi ouvrir les oreilles. Les conversations saisies au vol mériteraient une anthologie à crû dont la sincérité, la générosité rendraient bien fade les brèves de comptoir inventées au kilomètre.
Voici l'une de ces conversations que je viens d'entendre à la boulangerie de mon quartier. La serveuse vient d'encaisser un billet de cinq cents euros et, très nature, fait part de son émotion à sa collègue affairée dans la remise :
- C'est la première fois que j'en vois un. Et le mec il en avait d'autres, tu peux me croire. Eh ben ! ça fait mal au ventre !
J'ai souri. Je n'ai moi-même jamais vu, au grand jamais, de billets de cinq cents euros. Puis j'ai pensé à une réplique que j'aurais aimé adresser à la serveuse sous le choc.
- Vous auriez eu mal au ventre si le mec vous en avait donné un, de billet. Vous l'auriez tout de go transformé en gâteaux, en crèmes au chocolat, en tartes multi-fruits, en omelettes norvégiennes ou finlandaises, en poires Belle-Hélène et autres Banana Split qui auraient occasionné à votre estomac tant de hoquets, tant de ballonnements qu'un inconfort durable s'en serait suivi d'une hospitalisation pour hyper glycémie. Croyez-moi, mademoiselle, vous venez d'échapper au pire. Restez pauvre, c'est moins dangereux !
ta soeur 11/06/2012 17:40
marie-claude 31/05/2012 08:26