Tu me regardes, un peu inquiète. Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu répètes la question. Plus vite. Tu me prends la main. Une éraflure sur le dessus conforte ton inquiétude. Je te dis que je suis tombé dans la rue mais que j'ai pas perdu connaissance. C'est la chaleur. Rien d'autre. Même le goudron n'y résiste pas. Tu fronces les sourcils. Le goudron ? Oui, le bitume si tu préfères, sur les routes. Puis, sans transition, presque à mon insu, je t'annonce ma décision de vivre désormais dans la joie. En moins d'une seconde, tu oublies ma chute et le goudron qui crève de chaud, tu oublies ta fatigue et ma fatigue, tu te mets à danser comme tu dansais, prise dans l'excitation de tes dix ans qui te faisait entrevoir tant de mystères. Tes bras s'envolent, dessinent des hirondelles et des papillons rattrapés par tes jambes. Tes lèvres tracent des pétales qui tournoient dans la maison. Et le mot joie recouvre soudain toute laideur de son voile transparent. Un rien pourrait le déchirer.
marie-claude 10/09/2012 08:25